Nous vous en parlions dans notre précédent article, le Simien regorge d’eau et son captage était prévu de longue date dans notre projet de construction de l’école de Sona. Très vite, nous avions identifié une source à moins de 2 kilomètres de l’école. Elle est également à une centaine de mètres de dénivelée en contre-haut. La source dispose donc d’un excellent potentiel pour alimenter l’école. Ce n’est pas pour rien que le Simien est surnommé « le château d’eau de l’Afrique » !
Une source pour l’école de Sona !
L’alimentation en eau de l’école de Sona a toujours été une priorité. Il s’agit de satisfaire un besoin élémentaire en eau potable. Il s’agit aussi de permettre de mener une politique d’éducation sanitaire de qualité. Après 2 ans d’études et de négociation, l’emplacement du captage de la source a été défini et un accord a été obtenu pour la prise en charge des travaux par l’administration de l’eau. Le chantier a démarré en mars 2021 et a duré un mois. Voici un résumé en vidéo !
Captage et adduction de l’eau : la vidéo
Le captage de la source a donc été pris en charge par l’administration de Janamora. L’adduction était donc à la charge de la Fondation. Elle a été menée avec l’aide en main d’oeuvre de la communauté de Sona. Les règles suivantes ont été respectées :
- la tranchée a été creusée à 80cm pour mettre le tuyau à l’abris des travaux des champs (labour) et des variations de température
- le tuyau a été déroulé aux heures chaudes, quand il était à sa souplesse maximum
- les raccords ont été au contraire réalisés à l’aube, par température fraiche, quand la dilatation du tuyau était minimale
- le tuyau est posé sur un lit de terre fine, et recouvert de même pour éviter tout risque d’entaille.
La bataille de l’eau
Voici pour finir le texte de la voix-off de la vidéo qui raconte la construction du captage et de l’adduction de la source de l’école de Sona :
Ce printemps 2021, cette fin de saison sèche aux sols nus prêts à reverdir dès que la pluie les imbibera, restera dans l’histoire de l’école de Sona comme celui de la bataille de l’eau. Que vient faire la métaphore guerrière dans notre projet éducatif et éminemment pacifique ? Tout simplement parce que cet épisode de la vie de Children in the Cloud a tous les attributs d’un combat.
Plantons le décors. Les bâtiments de l’école sont quasiment terminés, l’électricité photovoltaïque a été installée en février dernier. Le dernier gros chantier est alors l’adduction d’eau depuis une source repérée 3 ans auparavant. Elle est à plus d’1 km et demi de l’école et près de 100 m de dénivelé au-dessus de celle-ci. Le défi est donc de taille !
L’administration locale de l’eau nous avait promis la construction du captage de cette source. Charge à nous de construire la canalisation qui allait relier la source à l’école, à travers le terrain accidenté et très rocheux des montagnes du Simien ! Cette infrastructure imposante est la seule capable de garantir une eau d’excellente qualité aux enfants de Sona.
Eric et Ignacio les premiers, dès la fin mars, se sont rendus sur place pour superviser les travaux et soutenir notre équipe locale. Car les obstacles sont immenses. Le tracé tout d’abord, sur les plus de 1500m à flanc de pente et de barres rocheuses, a été délicat à déterminer pour minimiser éviter points hauts et bas qui pourraient être des causes d’ennuis dans le futur tels que des accumulations de sédiments obstruant la conduite dans les points bas ou des bulles d’air empêchant la circulation de l’eau dans les points hauts.
Aussi régulier que possible, le tracé a parfois dû contourner quelques zones rocheuses trop difficiles à percer. Sur d’autres sections, la pierre basaltique était relativement facile à fracturer à la barre à mine mais qui devenait alors tranchante comme des haches. Il fallut prendre grand soin de lisser ces parties de tranchée pour ne pas risquer de fuites dues à l’agression du polyéthylène par ces lames minérales !
La tranchée traverse aussi 6 torrents, secs en cette période de l’année, mais qui charrient des roches et des forts débits d’eau pendant la saison des pluies risquant alors d’emporter le tuyau. Il a fallu trouver et transporter des tubes métalliques qui permettent de renforcer ces passages et protéger le tuyau en polyéthylène. Des enrochements pour briser les flux d’eau torrentielle et protéger le passage du tuyau devraient permettre à l’ouvrage d’affronter sereinement les saisons des pluies à venir.
La source de l’école de Sona
Finalement au bout de deux semaines d’efforts nous avons pu enterrer 1,5 km de tube en polyéthylène à 80 cm de profondeur de façon à le protéger des travaux agricoles et des variations de température, ceci en respectant les règles de l’art : dérouler autant que possible lorsque le soleil rend le tuyau plus flexible, puis poser les raccords à l’aube avant que le tube soit dilaté. En même temps, s’assurer que le tube est posé sur de la terre meuble sans cailloux et qu’il est recouvert d’une couche importante de terre sans éléments coupants, compactée ensuite avec un mélange de terre et des pierres.
Malgré la période de carême, nous avons pu compter sur une large mobilisation de la population de Sona. Mais il fallut composer avec les contraintes du jeûne qui imposait des journées de travail courtes, et le manque d’outils, notamment de pioches et de barres à mine pour casser les roches.
Pendant ce temps, le maçon mandaté par le District construisait le captage de la source et un réservoir tampon à proximité. A la fin de la longue saison sèche, nous avons pu mesurer un débit de 5000 l/jour, suffisant pour couvrir les besoins de l’école et des habitants voisins, ce qui est de bon augure pour avoir un excès d’eau le reste de l’année.
Cette mission n’a cependant pas permis d’installer les réservoirs de stockage à l’école ni le traitement d’eau, le bâtiment devant les accueillir n’étant pas encore terminé. Ce sera la prochaine étape, une fois la saison des pluies terminée.